Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout le monde riait, en effet, hormis Marchas, qui semblait furieux.

— Notre Sœur Saint-Benoît est servie ! cria tout à coup Karl Massouligny.

Je la fis passer devant avec le curé, puis je soulevai la mère Paumelle, dont je pris le bras et que je traînai dans la pièce voisine, non sans peine, car son ventre ballonné semblait plus pesant que du fer.

Le gros Ponderel enleva la mère Jean-Jean, qui gémissait pour avoir sa béquille ; et le petit Joseph Herbon dirigea l’idiote, la Putois, vers la salle à manger, pleine d’odeur de viandes.

Dès que nous fûmes en face de nos assiettes, la Sœur tapa trois coups dans ses mains, et les femmes firent, avec la précision de soldats qui présentent les armes, un grand signe de croix rapide. Puis le prêtre prononça, lentement, les paroles latines du Benedicite.

On s’assit, et les deux poules parurent, apportées par Marchas, qui voulait servir pour ne point assister en convive à ce repas ridicule.

Mais je criai : « Vite le champagne ! » Un bouchon sauta avec un bruit de pistolet qu’on décharge, et, malgré la résistance du curé et de la bonne Sœur, les trois hussards