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LE COLPORTEUR

de suite afin de livrer le lendemain beaucoup de choses achetées sur parole.

Il expliqua, avec une vraie satisfaction, qu’il faisait fort bien l’article, ayant une disposition particulière pour dire les choses, et que ce qu’il montrait de ses bibelots lui servait surtout à placer, en bavardant, ce qu’il ne pouvait emporter facilement.

Il ajouta :

— J’ai une boutique à Asnières. C’est ma femme qui la tient.

— Ah ! vous êtes marié ?

— Oui, m’sieu, depuis quinze mois. J’en ai trouvé une gentille de femme. Elle va être surprise de me voir revenir cette nuit.

Il me conta son mariage. Il voulait cette fillette depuis deux ans, mais elle avait mis du temps à se décider.

Elle tenait depuis son enfance une petite boutique au coin d’une rue, où elle vendait de tout : des rubans, des fleurs en été et principalement des boucles de bottines très jolies, et plusieurs autres bibelots dont elle avait la spécialité, par faveur d’un fabricant. On la connaissait bien dans