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LE COLPORTEUR

Asnières, la Bluette. On l’appelait ainsi parce qu’elle portait souvent des robes bleues. Et elle gagnait de l’argent, étant fort adroite à tout ce qu’elle faisait. Elle lui semblait malade en ce moment. Il la croyait grosse, mais il n’en était pas sûr. Leur commerce allait bien ; et il voyageait surtout, lui, pour montrer des échantillons à tous les petits commerçants des localités voisines ; il devenait une espèce de commissionnaire voyageur pour certains industriels, et il travaillait en même temps pour eux et pour lui-même.

— Et vous, qu’est-ce que vous êtes ? dit-il.

Je fis des embarras. Je racontai que je possédais à Argenteuil un bateau à voiles et deux yoles de course. Je venais m’exercer tous les soirs à l’aviron, et aimant l’exercice, je revenais quelquefois à Paris, où j’avais une profession que je laissai deviner lucrative.

Il reprit :

— Cristi, si j’avais des monacos comme vous, c’est moi qui ne m’amuserais pas à courir les routes comme ça la nuit. Ça n’est pas sûr par ici.

Il me regardait de côté et je me demandais si