Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson, OC, Conard, 1909.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA FENETRE. 231

maîtresse exquise, naturellement spirituelle, et rouée à plaisir. C’eût été, à Paris, une courtisane de grand mérite. Les douceurs qu’elle me procura me per- mirent d’attendre sans impatience la fin de l’épreuve de Mme de Jadelle. Je devins d’un caractère incomparable, souple, docile, com- plaisant. Quant à ma fiancée, elle me trouvait sans doute délicieux, et je compris, à certains signes, que j’allais bientôt être agréé. J’étais certes le plus heureux des hommes du monde, attendant tranquillement le baiser légal d’une femme que j’aimais dans les bras d’une jeune et belle fille pour qui j’avais de la ten- dresse. C’est ici, madame, qu’il faut vous tourner un peu ; j’arrive à l’endroit délicat. Mme de Jadelle, un soir, comme nous reve- nions de notre promenade à cheval, se plai- gnit vivement que ses palefreniers n’eussent point pour la bête qu’elle montait certaines précautions exigées par elle. Elle répéta même plusieurs fois : « Qu’ils prennent garde, qu’ils prennent garde, j’ai un moyen de les surprendre. » Je passai une nuit calme, dans mon lit. Je