Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je m’aperçus que je mangeais quelque chose de vraiment exquis, des œufs mollets enveloppés dans un fourreau de gelée de viande aromatisée aux herbes et légèrement saisie dans la glace.

Je dis en claquant la langue pour flatter Marambot : « Bon, ceci. »

Il sourit : « Deux choses nécessaires, de la bonne gelée, difficile à obtenir, et de bons œufs. Oh ! les bons œufs, que c’est rare, avec le jaune un peu rouge, bien savoureux ! Moi, j’ai deux basses-cours, une pour l’œuf, l’autre pour la volaille. Je nourris mes pondeuses d’une manière spéciale. J’ai mes idées. Dans l’œuf comme dans la chair du poulet, du bœuf ou du mouton, dans le lait, dans tout, on retrouve et on doit goûter le suc, la quintessence des nourritures antérieures de la bête. Comme on pourrait mieux manger si on s’occupait davantage de cela !

Je riais.

— Tu es donc gourmand ?

— Parbleu ! Il n’y a que les imbéciles qui ne