Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/44

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comptoir et les étala d’une lente caresse de sa main grande ouverte pour les voir tous en même temps. Il y en avait vingt-cinq, vingt-cinq pièces rondes, en or ! toutes en or ! Elles brillaient sur le bois dans l’ombre épaissie, et il les comptait et les recomptait, posant le doigt sur chacune et murmurant : « Une, deux, trois, quatre, cinq, — cent ; — six, sept, huit, neuf, dix, — deux cents » ; puis il les remit dans sa bourse qu’il cacha de nouveau dans sa poche.

Qui saura et qui pourrait dire le combat terrible livré dans l’âme du Rosier entre le mal et le bien, l’attaque tumultueuse de Satan, ses ruses, les tentations qu’il jeta en ce cœur timide et vierge ? Quelles suggestions, quelles images, quelles convoitises inventa le Malin pour émouvoir et perdre cet élu ? Il saisit son chapeau, l’élu de Mme Husson, son chapeau qui portait encore le petit bouquet de fleurs d’oranger, et, sortant par la ruelle derrière la maison, il disparut dans la nuit.

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