Page:Maupassant - Le legs, paru dans Gil Blas, 23 septembre 1884.djvu/7

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demeurait immobile, tandis que son mari roulait des yeux stupéfaits allant du notaire à sa femme.

Maître Lamaneur reprit, après un moment de silence :

— « Il est bien entendu, Monsieur, que Madame ne peut accepter ce legs sans votre consentement. »

M. Serbois se leva. « Je demande le temps de réfléchir », dit-il.

Le notaire, qui souriait avec une certaine malice, s’inclina : « Je comprends le scrupule qui peut vous faire hésiter, cher monsieur, le monde a parfois des jugements malveillants. Voulez-vous revenir, demain, à la même heure, pour m’apporter votre réponse ? »

M. Serbois s’inclina : « Oui, Monsieur, à demain. »

Il salua avec cérémonie, offrit le bras à sa femme plus rouge qu’une pivoine et qui gardait les yeux obstinément baissés ; et il sortit d’un air tellement imposant que