Page:Maupassant - Les Cadeaux, paru dans Le Gaulois, 7 janvier 1881.djvu/3

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Un petit bijou mignon, rare et simple, est un éloquent plaidoyer, mais un plaidoyer des sens. Pourquoi ? direz-vous. Je ne sais trop. Mais le bijou me semble brutal. C’est de l’or, des diamants, des perles, de l’argent sous une forme palpable, appréciable du premier venu. On dit, au simple coup d’œil : « Cela vaut tant. » Eh bien, le « cela vaut tant » me paraît indiquer aussi une affection qui vaut tant. Offrir un bijou, c’est presque ouvrir son porte-monnaie et mettre la somme en la main.

Ne vous fâchez point, mesdames ; je sais que, presque toutes, vous préférez les bijoux aujourd’hui. Cela vous sied si bien, n’est-ce pas ? Faisons une exception pour les bijoux anciens ; leur valeur, plus conventionnelle, leur prête quelque chose de plus discret et de plus enveloppé.

Les fleurs, généralement, sont les messagères des sentiments platoniques ; et les bonbons ne sont qu’un prétexte pour offrir la bonbonnière.