Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/250

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suivant vos conseils, pour n’avoir rien à craindre ni de vous ni du monde, quoi qu’il arrive. Vous allez à Nice, n’est-ce pas ?

— J’irai où vous irez.

— Pas du tout. Écoutez-moi, et je vous promets que vous me laisserez tranquille. Tout à l’heure, sur le quai de la gare, vous allez voir la princesse de Raynes et la comtesse Henriot qui m’attendent avec leurs maris. J’ai voulu qu’on nous vît ensemble, vous et moi, et qu’on sût bien que nous avons passé la nuit seuls, dans ce coupé. Ne craignez rien. Ces dames le raconteront partout, tant la chose paraîtra surprenante. Je vous disais tout à l’heure que, suivant en tous points vos recommandations, j’avais soigneusement gardé les apparences. Il n’a pas été question du reste, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est pour continuer que j’ai tenu à cette rencontre. Vous m’avez ordonné d’éviter avec soin le scandale, je l’évite, mon cher…, car j’ai peur…, j’ai peur…

Elle attendit que le train fût complètement arrêté, et comme une bande d’amis s’élançait à la portière et l’ouvrait, elle acheva :

— J’ai peur d’être enceinte.

La princesse tendait les bras pour l’embrasser. La