Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

baronne lui montrant le baron stupide d’étonnement et cherchant à deviner la vérité :

— Vous ne reconnaissez donc pas Raymond ? Il est bien changé, en effet. Il a consenti à m’accompagner pour ne pas me laisser voyager seule. Nous faisons quelquefois des fugues comme cela, en bons amis qui ne peuvent vivre ensemble. Nous allons d’ailleurs nous quitter ici. Il a déjà assez de moi.

Elle tendait sa main qu’il prit machinalement. Puis elle sauta sur le quai au milieu de ceux qui l’attendaient.

Le baron ferma brusquement la portière, trop ému pour dire un mot ou pour prendre une résolution. Il entendait la voix de sa femme et ses rires joyeux qui s’éloignaient.

Il ne l’a jamais revue.

Avait-elle menti ? Disait-elle vrai ? Il l’ignora toujours.