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deux hommes célèbres

point s’engager ; qu’il verrait cependant plus tard ; que son plan même n’était point encore suffisamment arrêté. Puis il se tut. C’était un congé, et les deux hommes, un peu confus, se levèrent. Mais un désir envahit Patissot : il voulait que ce personnage si connu lui dît un mot, un mot quelconque, qu’il pourrait répéter à ses collègues ; et, s’enhardissant, il balbutia : « Oh ! monsieur, si vous saviez combien j’apprécie vos ouvrages ! » L’autre s’inclina, mais ne répondit rien. Patissot devenait téméraire, il reprit : « C’est un bien grand honneur pour moi de vous parler aujourd’hui. » L’écrivain salua encore, mais d’un air roide et impatienté. Patissot s’en aperçut, et, perdant la tête, il ajouta en se retirant : « Quelle su-su-superbe propriété ! »

Alors le propriétaire s’éveilla dans le cœur indifférent de l’homme de lettres qui, souriant, ouvrit le vitrage pour montrer l’étendue de la perspective. Un horizon démesuré s’élargissait de tous les côtés, c’était Triel, Pisse-Fontaine, Chanteloup, toutes les hauteurs de l’Hautrie, et la Seine, à perte de vue. Les deux visiteurs en extase