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avant la fête

je m’y suis rallié, monsieur ; j’ai vu Louis-Philippe, et je m’y suis rallié, monsieur ; j’ai vu Napoléon, et je m’y suis rallié ; mais je n’ai jamais vu la République.

Patissot, toujours grave, répliqua :

— Elle est représentée par son Président.

L’autre grogna :

— Eh bien, qu’on me le montre.

Patissot haussa les épaules.

— Tout le monde peut le voir ; il n’est pas dans une armoire.

Mais tout à coup le gros monsieur s’emporta.

— Pardon, monsieur, on ne peut pas le voir. J’ai essayé plus de cent fois, moi, monsieur. Je me suis embusqué auprès de l’Élysée : il n’est pas sorti. Un passant m’a affirmé qu’il jouait au billard, au café en face ; j’ai été au café en face : il n’y était pas. On m’avait promis qu’il irait à Melun pour le concours : je me suis rendu à Melun, et je ne l’ai pas vu. Je suis fatigué, à la fin. Je n’ai pas vu non plus M. Gambetta, et je ne connais pas même un député.

Il s’animait.