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les dimanches d’un bourgeois de paris

— Un gouvernement, monsieur, ça doit se montrer ; c’est fait pour ça, pas pour autre chose. Il faut qu’on sache : tel jour, à telle heure, le gouvernement passera par telle rue. De cette façon on y va et on est satisfait.

Patissot, calmé, goûtait ces raisons.

— Il est vrai, dit-il, qu’on aimerait bien connaître ceux qui vous gouvernent.

Le monsieur prit un ton plus doux :

— Savez-vous comment je la comprendrais, moi, la fête ?… Eh bien, monsieur, je ferais un cortège avec des chars dorés, comme les voitures du sacre des rois ; et je promènerais dedans les membres du gouvernement, depuis le Président jusqu’aux députés, à travers Paris, toute la journée. Comme ça, au moins, chacun connaîtrait la personne de l’État.

Mais un des voyous, près du cocher, se retourna :

— Et le bœuf gras, où’s qu’on le mettrait ? dit-il.

Un rire courut sur les deux banquettes. Patissot comprit l’objection et murmura :