Page:Maupassant - Les dimanches d'un bourgeois de Paris - Ollendorff, 1906.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
les dimanches d’un bourgeois de paris

jeter par la fenêtre… En entrant dans la chambre, prêt à m’évanouir, attendant néanmoins je ne sais quel hasard, une suprême espérance me fit bondir le cœur. La brave fille avait fermé les rideaux du lit ! Ah ! s’il pouvait ne pas les ouvrir ? Hélas ! monsieur, il s’en approche tout de suite, sa bougie à la main, et d’un seul coup il les relève… Il faisait chaud : nous avions retiré les couvertures, et il ne restait que le drap, qu’elle tenait fermé sur sa tête ; mais on voyait, monsieur, on voyait des contours. Je tremblais de tous mes membres, avec la gorge serrée, suffoquant. Alors, mon oncle se tourna vers moi, riant jusqu’aux oreilles ; si bien que je faillis sauter au plafond, de stupéfaction.

— Ah ! ah ! mon farceur, dit-il, tu n’as pas voulu réveiller ton frère ; eh bien, tu vas voir comment je le réveille, moi.

Et je vis sa grosse main de paysan qui se levait ; et, pendant qu’il étouffait de rire, elle retomba comme le tonnerre sur… sur les contours qu’on voyait, monsieur.

Il y eut un cri terrible dans le lit ; et puis