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les dimanches d’un bourgeois de paris

lorsqu’on rencontre pour la première fois la femme qui ravagea votre âme. Il répondit :

— Ah !… vous êtes pêcheur, monsieur Boivin ?

— Si je suis pêcheur, monsieur ! Mais c’est ma passion, la pêche !

Alors Patissot l’interrogea avec un profond intérêt. Boivin lui nomma tous les poissons qui folâtraient sous cette eau noire… Et Patissot croyait les voir. Boivin énuméra les hameçons, les appâts, les lieux, les temps convenables pour chaque espèce… Et Patissot se sentait devenir plus pêcheur que Boivin lui-même. Ils convinrent que, le dimanche suivant, ils feraient l’ouverture ensemble, pour l’instruction de Patissot, qui se félicitait d’avoir découvert un initiateur aussi expérimenté.

On s’arrêta pour dîner devant une sorte de bouge obscur que fréquentaient les mariniers et toute la crapule des environs. Devant la porte, le père Boivin eut soin de dire :

— Ça n’a pas d’apparence, mais on y est fort bien.

Ils se mirent à table. Dès le second verre d’ar-