Page:Maupassant - Louis Bouilhet, paru dans Le Gaulois, 21 août 1882.djvu/5

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petite porte encastrée dans une haute muraille, et j’entendis, tout là-bas, tinter une sonnette. On fut longtemps sans venir ; j’allais m’en aller quand je distinguai des pas qui s’approchaient. La porte s’ouvrit. J’étais en face du gros monsieur qu’avait salué notre pion.

Il me regardait d’un air surpris en attendant que je parlasse. Quant à moi, je venais, pendant le tour de clef, d’oublier complètement le discours habile et flatteur que je préparais depuis trois jours. Je me nommai tout simplement. Comme il connaissait depuis longtemps ma famille, il me tendit la main, et j’entrai.

Un long jardin planté d’arbres fruitiers et d’arbres ombrageants conduisait à l’habitation, toute simple et carrée. Le chemin, droit, était bordé de fleurs des deux côtés, non pas d’une simple ligne comme les jardiniers experts en font serpenter autour des plates-bandes ; mais c’étaient deux nappes, deux larges viviers de fleurs magnifiques, de toute race, de toute nuance, dont les odeurs remuées semblaient épaissir l’air.