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MARROCA

ramasser, alors… j’étais propre, moi, dans ce costume ».

Elle posa sur mes épaules ses bras ronds et vigoureux, et, baissant le ton, comme si elle m’eût dit : — « Je t’adorrre », elle murmura : « Alorrrs, il ne se serait pas relevé ».

Je ne comprenais point :

« Pourquoi ça ? »

Elle cligna de l’œil avec malice, allongea sa main vers la chaise où je venais de m’asseoir ; et son doigt tendu, le pli de sa joue, ses lèvres entr’ouvertes, ses dents pointues, claires et féroces, tout cela me montrait la petite hachette à fendre le bois, dont le tranchant aigu luisait.

Elle fit le geste de la prendre ; puis m’attirant du bras gauche tout contre elle, serrant sa hanche à la mienne, du bras droit elle esquissa le mouvement qui décapite un homme à genoux !…

Et voilà, mon cher, comment on comprend ici les devoirs conjugaux, l’amour et l’hospitalité !