Page:Maupassant - Mademoiselle Fifi, Ollendorff, 1902.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
une ruse

tez-moi les serviettes et la cuvette, et refaites la chambre ; dépêchez-vous, nom de Dieu ! Voilà M. Lelièvre qui rentre. »

« J’entendis les pas monter, s’approcher. Des mains, dans l’ombre, palpaient les murs. Alors j’appelai : « Par ici, mon cher : nous avons eu un accident. »

« Et le mari, stupéfait, parut sur le seuil, un cigare à la bouche. Il demanda : « Quoi ? Qu’y a-t-il ? Qu’est-ce que cela ? »

« J’allai vers lui : « Mon bon, vous nous voyez dans un rude embarras. J’étais resté tard à bavarder chez vous avec votre femme et notre ami qui m’avait amené dans sa voiture. Voilà qu’il s’est affaissé tout à coup, et depuis deux heures, malgré nos soins, il demeure sans connaissance. Je n’ai pas voulu appeler des étrangers. Aidez-moi donc à le faire descendre ; je le soignerai mieux chez lui. »

« L’époux surpris, mais sans méfiance, ôta son chapeau ; puis il empoigna sous ses bras son rival désormais inoffensif. Je m’attelai entre les jambes, comme un cheval entre deux brancards ; et nous voilà descendant l’escalier, éclairés maintenant par la femme.

« Lorsque nous fûmes devant la porte, je redressai