Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/230

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automne, debout au bord ou au milieu d’un champ, le corps immobile, et ses mains tricotant toujours. Son troupeau le suivait comme une meute, semblait obéir à son œil.

Maître Picot me serra le bras :

— Vous savez que le berger a tué sa femme.

Je fus stupéfait : — Gargan ? Le sourd-muet ?

— Oui, cet hiver, et il a été jugé à Rouen. Je vas vous conter ça.

Et il m’entraîna dans le taillis, car le pasteur savait cueillir les mots sur la bouche de son maître comme s’il les eût entendus. Il ne comprenait que lui ; mais, en face de lui, il n’était plus sourd ; et le maître, par contre, devinait comme un sorcier toutes les intentions de la pantomime du muet, tous les gestes de ses doigts, les plis de ses joues et les reflets de ses yeux.

Voici cette simple histoire, sombre fait divers, comme il s’en passe aux champs, quelquefois.

Gargan était fils d’un marneux, d’un de