Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/324

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Il demeurait immobile, abruti d’étonnement et de souffrance, d’une souffrance naïve et profonde. Il avait envie de pleurer, de se sauver, de se cacher, de ne plus voir personne jamais.

Tout à coup, il les aperçut qui sortaient du taillis. Ils revinrent doucement en se tenant par la main, comme font les promis dans les villages. C’était Luc qui portait le seau.

Ils s’embrassèrent encore avant de se quitter, et la fille s’en alla après avoir jeté à Jean un bonsoir amical et un sourire d’intelligence. Elle ne pensa point à lui offrir du lait ce jour-là.

Les deux petits soldats demeurèrent côte à côte, immobiles comme toujours, silencieux et calmes, sans que la placidité de leur visage montrât rien de ce qui troublait leur cœur. Le soleil tombait sur eux. La vache, parfois, mugissait en les regardant de loin.

À l’heure ordinaire, ils se levèrent pour revenir.