Aller au contenu

Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

taurant pour ce qu’il voulait faire : donc il attendrait, il les suivrait ; car ils allaient se promener certainement sur la terrasse ou dans la forêt. Quand ils seraient un peu éloignés, il les rejoindrait, et alors il se vengerait, oui, il se vengerait ! Il n’était pas trop tôt d’ailleurs, après vingt-trois ans de souffrances. Ah ! ils ne soupçonnaient guère ce qui allait leur arriver.

Ils achevaient doucement leur déjeuner, en causant avec sécurité. Parent ne pouvait entendre leurs paroles, mais il voyait leurs gestes calmes. La figure de sa femme, surtout, l’exaspérait. Elle avait pris un air hautain, un air de dévote grasse, de dévote inabordable, cuirassée de principes, blindée de vertu.

Puis, ils payèrent l’addition et se levèrent. Alors il vit Limousin. On eût dit un diplomate en retraite, tant il semblait important avec ses beaux favoris souples et blancs dont les pointes tombaient sur les revers de sa redingote.

Ils sortirent. Georges fumait un cigare et