Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/109

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— Parbleu, dit-il, écoutez ce qu’on fait à l’établissement. Vous savez qu’on prend une source comme un oiseau, dans une sorte de piège, ou plutôt dans une cloche. C’est ce qu’on appelle la capter. Or, l’an dernier, voici ce qui arriva à la source alimentant les bains. L’acide carbonique, plus léger que l’eau, s’emmagasinait au sommet de la cloche, puis, lorsqu’il s’y amassait en trop grande quantité, il se trouvait refoulé dans les conduits, remontait en abondance dans les baignoires, emplissait les cabines et asphyxiait les malades. On a eu trois accidents en deux mois. Alors on me consulta de nouveau, et j’inventai un appareil très simple, formé de deux tuyaux, qui amenaient séparément le liquide et le gaz de la cloche, pour les mélanger à nouveau immédiatement sous le bain, et reconstituer ainsi l’eau à son état normal en évitant l’excès dangereux d’acide carbonique. Mais mon appareil aurait coûté un millier de francs ! Alors savez-vous ce qu’a fait le geôlier ? Je vous le donne en mille. Un trou dans la cloche pour se débarrasser du gaz, qui s’envola, bien entendu. De sorte qu’on vous vend des bains acidulés sans acide, ou du moins avec si peu d’acide que ça ne vaut plus grand’chose. Tandis qu’ici, regardez.