Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/274

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sans cesse, car on le rencontrait dans les corridors en grande conférence mystérieuse avec les patrons des hôtels, avec les femmes de chambre de ses clients, avec quiconque approchait ses malades.

Dans la rue, dès qu’il apercevait une personne de sa connaissance, il allait droit à elle de son pas court et rapide, et il se mettait aussitôt à marmotter des recommandations nouvelles et minutieuses, à la façon d’un prêtre qui confesse.

Les vieilles femmes surtout l’adoraient. Il écoutait leurs histoires jusqu’au bout sans interrompre, prenait note de toutes leurs observations, de toutes leurs questions, de tous leurs désirs.

Il augmentait ou diminuait chaque jour le dosage de l’eau bue par ses malades, ce qui leur donnait pleine confiance dans le souci qu’il prenait d’eux.

— Nous en sommes restés hier à deux verres trois quarts, disait-il ; eh bien ! aujourd’hui nous prendrons seulement deux verres et demi, et demain trois verres… N’oubliez pas…, demain, trois verres… J’y tiens beaucoup, beaucoup !

Et tous ses malades étaient convaincus qu’il y tenait beaucoup, en effet.

Pour ne pas oublier ces chiffres et ces frac-