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Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/332

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MONT-ORIOL.

Il reprit :

— Je sais bien que j’ai été vilain pour votre petite sœur. Tant pis. Elle ne s’y est pas trompée, elle, allez. Vous voyez qu’elle est restée sur la côte, qu’elle n’a pas voulu nous suivre… Oh ! elle a compris, elle a compris !…

Il avait saisi une des mains de Louise Oriol et il lui baisa le bout des doigts doucement, galamment, et en murmurant :

— Comme vous êtes gentille ! Comme vous êtes gentille !

Elle, appuyée contre la paroi de lave, écoutait son cœur battre d’émotion, sans rien dire. La pensée, la seule qui flottait en son esprit troublé était une pensée de triomphe : elle avait vaincu sa sœur.

Mais une ombre apparut à l’entrée de la grotte. Paul Brétigny les regardait. Gontran laissa retomber d’une façon naturelle la petite main qu’il tenait sur ses lèvres et il dit :

— Tiens, te voici… Tu es seul ?

— Oui. On s’est étonné de vous voir disparaître là-dessous.

— Eh bien nous revenons, mon cher. Nous regardions ça. Est-ce assez curieux ?

Louise, rouge jusqu’aux tempes, sortit la première et se mit à remonter la pente, suivie par les deux jeunes gens qui parlaient bas derrière elle.