Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/149

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ou de Clermont. Nous ne pouvons pas rester ainsi !…

Gontran répondit en souriant :

— Mais ceux de Clermont et de Royat ne connaissent pas bien le liquide d’Enval, qui n’a pas la même action spéciale que leur eau sur le tube digestif et sur l’appareil circulatoire. Et pais, sois certain qu’ils ne viendront pas non plus, ceux de là-bas, pour ne point avoir l’air de couper les chardons sous la dent de leurs confrères.

Le marquis, effaré, balbutia :

— Mais alors, que devriendrons-nous ?

Andermatt saisit son chapeau :

— Laissez-moi faire, et je vous réponds que nous les aurons ce soir tous les trois, vous entendez bien - tous - les - trois - à nos genoux. Allons voir le paralytique, maintenant.

Il cria :

— Es-tu prête, Christiane ?

Elle parut sur la porte, très pâle, avec un air déterminé. Ayant embrassé son père et son frère, elle se tourna vers Paul et lui tendit la main. Il la prit, les yeux baissés, tremblant d’angoisse. Comme le marquis, Andermatt et Gontran s’en allaient en causant et sans s’occuper d’elle, elle dit, d’une voix ferme, en fixant sur le jeune homme un regard tendre et décidé :

— Je vous appartiens corps et âme. Faites de moi désormais ce qu’il vous plaira.

Puis elle sortit, sans le laisser répondre.

En approchant de la source des Oriol, ils aper-