Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

çurent, pareil à un énorme champignon, le chapeau du père Clovis, qui sommeillait sous le soleil, dans l’eau chaude, au fond de son trou. Il y passait maintenant ses matinées entières, accoutumé à ce bain brûlant qui le rendait, disait-il, plus gaillard qu’un nouveau marié.

Andermatt le réveilla :

— Eh bien, mon brave, ça va-t-il mieux ?

Quand il eut reconnu son bourgeois, le vieux fit une grimace de satisfaction :

— Oui, oui, cha va, cha va a lo voulounta.

— Est-ce que vous commencez à marcher ?

— Comme un lapin, Môchieu, comme un lapin. Je dancherai une bourrée avec ma bonne amie au premier dimanche du mois.

Andermatt sentit battre son cœur ; il répéta :

— Vrai, vous marchez ?

Le père Clovis cessa de plaisanter :

— Oh ! pas fort, pas fort. N’importe, cha va.

Alors le banquier voulut voir tout de suite comment marchait le vagabond. Il tournait autour du trou, s’agitait, donnait des ordres comme pour renflouer un navire coulé.

— Tenez, Gontran, prenez le bras droit. — Vous, Brétigny, le bras gauche. Moi, je vais lui soutenir les reins. Allons, ensemble - une - deux - trois. — Mon cher beau-père, tirez à vous la jambe, — non, l’autre, celle qui reste dans l’eau. — Vite, je vous prie, je n’en puis plus ! — Nous y sommes, — une, — deux, — voilà, ouf !