Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/151

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Ils avaient assis par terre le bonhomme qui les laissait faire d’un air goguenard, sans aider en rien leurs efforts.

Puis on le souleva de nouveau et on le dressa sur ses jambes en lui donnant ses béquilles, dont il se servit comme de cannes ; et il se mit à marcher, courbé en deux, traînant ses pieds, geignant, soufflant. Il avançait à la façon d’une limace et laissait derrière lui une longue traînée d’eau sur la poussière blanche de la route.

Andermatt, enthousiasmé, battit des mains, en criant comme on fait au théâtre pour acclamer les acteurs : « Bravo, bravo, admirable, bravo !!! » Puis, comme le vieux semblait exténué, il s’élança pour le soutenir, le saisit dans ses bras, bien que ses hardes fussent ruisselantes, et il répétait :

— Assez, ne vous fatiguez pas. Nous allons vous remettre dans le bain.

Et le père Clovis fut replongé dans son trou, par les quatre hommes qui l’avaient pris par ses quatre membres et le portaient avec précaution, comme un objet fragile et précieux.

Alors le paralytique déclara, d’une voix convaincue :

— Ch’est de la bonne eau tout d’ même, d’ la bonne eau qui n’a point cha pareille. Cha vaut un tréjor, de l’eau comme cha !

Andermatt, tout à coup, se retourna vers son beau-père :