Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/157

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Le père Oriol s’était d’abord montré tellement déraisonnable qu’Andermatt, rompant les négociations, était parti. Puis on l’avait rappelé. Le paysan prétendait ne pas vendre ses terres, mais les apporter à la Société, avec le droit de les reprendre en cas d’insuccès. Il exigeait, en cas de succès, la moitié des bénéfices.

Le banquier avait dû lui démontrer avec des chiffres sur du papier, et des dessins pour simuler les pièces de terre, que l’ensemble des champs ne valait pas plus de quatre-vingt mille francs à l’heure actuelle, tandis que les dépenses de la Société s’élèveraient, d’un seul coup, à un million.

Mais l’Auvergnat avait répliqué qu’il entendait bénéficier de la plus-value énorme donnée à des biens par la création même de l’établissement et des hôtels, et toucher les intérêts sur le pied de la valeur acquise et non de la valeur passée.

Andermatt avait dû lui représenter alors que les risques doivent être proportionnels aux gains possibles, et le terroriser par la peur de la perte.

On s’était donc arrêté à ceci. Le père Oriol apportait à la Société tous les terrains s’étendant aux bords du ruisseau, c’est-à-dire tous ceux où il paraissait possible de trouver de l’eau minérale, plus le sommet de la butte pour y créer un casino et un hôtel, et quelques vignes en pente qui devaient être divisées par lots et offertes aux principaux médecins de Paris.

Le paysan, pour cet apport, évalué à deux cent