Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/18

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chaque ligne de démarcation, deux ou trois mots latins, compréhensibles pour lui seul.

Or, quand il eut écouté tous les bruits intérieurs de Mme Andermatt, et tapoté toutes les parties mates ou sonores de sa personne, il tira de sa poche un calepin de cuir rouge à filets d’or, divisé par ordre alphabétique, consulta la table, l’ouvrit et écrivit : « Observation 6347. — Mme A…, 21 ans. »

Puis, reprenant de la tête aux pieds ses notes coloriées sur le peignoir, les lisant comme un égyptologue déchiffre les hiéroglyphes, il les reporta sur son carnet.

Il déclara, quand il eut fini : « Rien d’inquiétant, rien d’anormal, sauf une légère, très légère déviation qu’une trentaine de bains acidulés guériront. Vous prendrez, en outre, trois demi-verres d’eau chaque matin avant midi. Rien autre chose. Je reviendrai vous voir dans quatre ou cinq jours. » Puis il se leva, salua et sortit avec tant de promptitude que tout le monde en demeura stupéfait. C’était sa manière, son chic, son cachet à lui, cette brusquerie dans le départ. Il la jugeait de très bon ton et de grande impression sur le malade.

Mme Andermatt courut se regarder dans la glace, et toute secouée par un rire éclatant d’enfant joyeuse :

— Oh ! qu’ils sont amusants, qu’ils sont drôles ! Dites, y en a-t-il encore un, je veux le voir tout de suite ! Will, allez me le chercher ! Il doit y en avoir un troisième, je veux le voir.