Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/264

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— Eh bien oui, je t’aime ! Mais parlons d’autre chose, je t’en supplie !

— Oh ! que tu es dur !

— Mais non, je ne suis pas dur. Seulement… seulement, tu ne comprends pas… tu ne comprends pas que…

— Oh oui ! Je comprends bien que tu ne m’aimes plus. Si tu savais comme je souffre !

— Voyons, Christiane, je t’en conjure, ne me rends pas nerveux. Si tu savais, toi, comme c’est maladroit ce que tu fais là.

— Oh ! si tu m’aimais, tu ne parlerais pas ainsi.

— Mais, sacrebleu, si je ne t’aimais plus je ne serais point venu.

— Écoute. Tu m’appartiens, maintenant, tu es à moi, et je suis à toi. Il y a entre nous cette attache d’une vie naissante que rien ne brise ; mais promets-moi que si tu ne m’aimais plus, un jour, plus tard, tu me le dirais ?

— Oui, je te le promets.

— Tu me le jures ?

— Je te le jure.

— Mais alors, tout de même, nous resterions amis, n’est-ce pas ?

— Certainement, que nous resterions amis.

— Le jour où tu ne m’aimeras plus d’amour, tu viendras me trouver, et tu me diras : « Ma petite Christiane, je t’aime bien, mais ce n’est plus la même chose. Soyons amis, là, rien qu’amis. »

— C’est entendu, je te le promets.