Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Tu me le jures ?

— Je te le jure.

— N’importe, j’aurai bien du chagrin ! Comme tu m’adorais l’an dernier !

Une voix criait derrière eux :

— Madame la duchesse de Ramas-Aldavarra !

Elle venait en voisine, car Christiane recevait, tous les soirs, les principaux baigneurs, comme reçoivent les princes en leurs royaumes.

Le docteur Mazelli suivait la belle Espagnole avec des airs souriants et soumis. Les deux femmes se serrèrent la main, s’assirent et se mirent à causer.

Andermatt appelait Paul :

— Mon cher ami, venez donc, Mont-Oriol fait les cartes admirablement, elle m’a dit des choses surprenantes.

Il le prit par le bras et ajouta :

— Quel drôle d’être vous êtes, vous ! A Paris, nous ne vous voyons jamais, pas une fois par mois, malgré les instances de ma femme. Ici, il a fallu quinze lettres pour vous faire venir. Et depuis que vous êtes arrivé on dirait que vous perdez un million par jour, tant vous avez une tête désolée. Allons, cachez-vous une affaire qui vous chiffonne ? On pourrait peut-être vous aider ? Il faut nous le dire.

— Rien du tout, mon cher. Si je ne viens pas plus souvent vous voir, à Paris… C’est qu’à Paris, vous comprenez ?…

— Parfaitement… je saisis. Mais ici, au moins, il