Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/307

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les yeux, des créations de Walter Scott, de Dickens ou de George Sand qui excitaient davantage son imagination toujours fouettée par les femmes.

Gontran le jugeait ainsi : « Paul ! c’est un cheval emballé avec un amour sur le dos. Quand il en jette un par terre, un autre lui saute dessus. »

Mais Brétigny s’aperçut que le soir venait. Il avait marché longtemps. Il rentra.

En passant devant les nouveaux bains, il vit Andermatt et les deux Oriol, arpentant les vignes et les mesurant ; et il comprit à leurs gestes qu’ils discutaient avec agitation.

Une heure plus tard, Will, entrant dans le salon où la famille entière était réunie, dit au marquis :

— Mon cher beau-père, je vous annonce que votre fils Gontran va épouser, dans six semaines ou deux mois, mademoiselle Louise Oriol.

M. de Ravenel fut effaré :

— Gontran ? Vous dites ?

— Je dis qu’il épousera, dans six semaines ou deux mois, avec votre consentement, mademoiselle Louise Oriol, qui sera fort riche.

Alors le marquis dit simplement :

— Mon Dieu, si cela lui plaît, je veux bien, moi.

Et le banquier raconta sa démarche auprès du vieux paysan.

Aussitôt prévenu par le comte que la jeune fille consentirait, il voulut enlever, séance tenante, l’assentiment du vigneron sans lui laisser le temps de préparer ses ruses.