Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

temps, avec un courant rapide et continu ; et la nouvelle source, jointe à l’ancienne, n’en alimenterait pas cinquante, quoi qu’en dise le docteur Latonne…

M. Aubry-Pasteur l’interrompit :

— Oh ! pour de l’eau, je vous en donnerai autant que vous voudrez.

Andermatt fut stupéfait :

— Vous ?

— Oui, moi. Cela vous étonne. Je m’explique. L’an dernier, vers la même époque, j’étais ici comme cette année ; car je me trouve très bien des bains d’Enval, moi. Or, un matin, je me reposais dans ma chambre, quand je vis arriver un gros monsieur. C’était le président du conseil d’administration de l’établissement. Il était fort troublé, voici pourquoi. La source Bonnefille baissait à tel point qu’on craignait tout à fait de la voir disparaître. Me sachant ingénieur des mines, il venait me demander si je ne pourrais trouver un moyen de sauver sa boutique.

Je me mis donc à étudier le système géologique de la contrée. Vous savez que, dans chaque coin de pays, les bouleversements primitifs ont amené des perturbations différentes et des états divers du sol.

Il s’agissait donc de découvrir d’où venait l’eau minérale, par quelles fissures, quelle était la direction de ces fissures, leur origine et leur nature.

Je visitai d’abord avec grand soin l’établissement, et, apercevant dans un coin un vieux tuyau