Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/55

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de baignoire hors de service, je remarquai qu’il était déjà presque obstrué par des calcaires. Donc l’eau, déposant les sels qu’elle contenait sur les parois des conduits, les bouchait en peu de temps. Il devait en arriver infailliblement autant dans les conduits naturels du sol, ce sol étant granitique. Donc la source Bonnefille était bouchée. Rien de plus.

Il fallait la retrouver plus loin. Tout le monde l’aurait cherchée au-dessus de son point de sortie primitif. Moi, après un mois d’études, d’observations et de raisonnements, je la cherchai et je la retrouvai cinquante mètres plus bas. Et voici pourquoi.

Je vous ai dit tout à l’heure qu’il fallait déterminer d’abord l’origine, la nature et la direction des fissures du granit qui amènent l’eau. Il me fut aisé de constater que ces fissures allaient de la plaine vers la montagne et non de la montagne vers la plaine, inclinées comme un toit, par suite assurément d’un affaissement de cette plaine qui avait entraîné avec elle dans son effondrement les premiers contreforts des monts. Donc l’eau, au lieu de descendre, remontait entre chaque interstice des couches granitiques. Et je découvris ainsi la cause de ce phénomène imprévu.

Autrefois la Limagne, cette vaste étendue de terrains sablonneux et argileux dont on aperçoit à peine les limites, se trouvait au niveau du premier plateau des monts ; mais, par suite de la constitut-