Page:Maupassant - Notes d'un démolisseur, paru dans Gil Blas, 17 mai 1882.djvu/10

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plutôt que de quitter leur nid.

On prétend que les lapines mangent leurs petits. Rouvrons la Maison rustique, et nous apprendrons que la lapine ne détruit jamais sa portée quand on lui laisse un coin pour la cacher. Un trou, une simple planche, suffisent. C’est donc l’excès d’amour maternel qui les porte à ce crime. Pareilles aux antiques Romaines, elles aiment mieux voir leurs enfants morts qu’esclaves. Elles ne cherchent qu’à les soustraire aux regards de l’homme.

Revenons à l’humanité.

Ouvrons les journaux.

Tous les jours des infanticides, tous les jours des petits êtres trouvés au coin des bornes, au fond des fleuves, le long des fossés, dans les égouts et dans ces réservoirs souterrains que dessèchent ces pompiers de la nuit que je n’ose pas nommer par peur d’être traité de naturaliste. Et les magistrats affirment avec raison qu’on ne découvre pas deux de ces crimes sur dix commis. Or, une loi terrible les punit.