Page:Maupassant - Notes d'un démolisseur, paru dans Gil Blas, 17 mai 1882.djvu/9

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développé chez elle, qu’elle devine ce qu’on veut en faire, et, très souvent, se laisse mourir de chagrin.

Passons aux autres bêtes.

Les chiennes et les chattes aiment si violemment leurs rejetons que si on détruit les portées entières, elles refusent la plupart du temps de manger et meurent de désespoir.

J’ai vu, moi, les deux faits suivants :

Une chienne qui avait mis bas dans une partie de chasse à six lieues de sa maison, a été laissée par son maître chez le garde, avec deux petits, pour ne la point fatiguer par cette longue route.

Le lendemain on la trouva dans sa niche avec ses deux chiens. Elle avait donc fait deux voyages, aller et retour, pour les apporter chez elle, l’un après l’autre : soit vingt-quatre lieues dans la nuit.

Une autre, dont on avait enterré tous les descendants, loin du logis, dans un bois, a disparu soudain. Trois jours après, on la retrouva morte auprès de ses petits qu’elle avait déterrés.

La plupart des oiseaux se laissent tuer