Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/105

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le notaire. Ce n’est pas le jour de musarder.

Le docteur s’assit, sans répondre, après avoir embrassé sa mère et serré la main de son père et de son frère ; et il prit dans le plat creux, au milieu de la table, la côtelette réservée pour lui. Elle était froide et sèche. Ce devait être la plus mauvaise. Il pensa qu’on aurait pu la laisser dans le fourneau jusqu’à son arrivée, et ne pas perdre la tête au point d’oublier complètement l’autre fils, le fils aîné. La conversation, interrompue par son entrée, reprit au point où il l’avait coupée.

— Moi, disait à Jean Mme Roland, voici ce que je ferais tout de suite. Je m’installerais richement, de façon à frapper l’œil, je me montrerais dans le monde, je monterais à cheval, et je choisirais une ou deux causes intéressantes pour les plaider et me bien poser au Palais. Je voudrais être une sorte d’avocat amateur très recherché. Grâce à Dieu, te voici à l’abri du besoin, et si tu prends une profession, en somme, c’est pour ne pas perdre le fruit de tes