Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/146

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quelque chose, et puis il est revenu souvent. Nous l’avons connu comme client avant de le connaître comme ami.

Pierre, qui mangeait des flageolets et les piquait un à un avec une pointe de sa fourchette, comme s’il les eût embrochés, reprit :

— À quelle époque ça s’est-il fait, cette connaissance-là ?

Roland chercha de nouveau, mais ne se souvenant plus de rien, il fit appel à la mémoire de sa femme :

— En quelle année, voyons, Louise, tu ne dois pas avoir oublié, toi qui as un si bon souvenir ? Voyons, c’était en… en… en cinquante-cinq ou cinquante-six ?… Mais cherche donc, tu dois le savoir mieux que moi ?

Elle chercha quelque temps en effet, puis d’une voix sûre et tranquille :

— C’était en cinquante-huit, mon gros. Pierre avait alors trois ans. Je suis bien certaine de ne pas me tromper, car c’est l’année où l’enfant eut la fièvre scarlatine, et Maré-