Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/193

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bien qu’elle n’eût pas duré trois minutes, Mme Roland rentra, souriante, et tenant par l’anneau un cadre doré de forme ancienne.

— Voilà, dit-elle, je l’ai retrouvé presque tout de suite.

Le docteur, le premier, avait tendu la main. Il reçut le portrait, et, d’un peu loin, à bout de bras, l’examina. Puis, sentant bien que sa mère le regardait, il leva lentement les yeux sur son frère, pour comparer. Il faillit dire, emporté par sa violence : « Tiens, cela ressemble à Jean. » S’il n’osa pas prononcer ces redoutables paroles, il manifesta sa pensée par la façon dont il comparait la figure vivante à la figure peinte.

Elles avaient, certes, des signes communs : la même barbe et le même front, mais rien d’assez précis pour permettre de déclarer : « Voilà le père, et voilà le fils. » C’était plutôt un air de famille, une parenté de physionomies qu’anime le même sang. Or, ce qui fut pour Pierre plus décisif encore que cette allure des visages, c’est que sa mère s’était levée, avait