Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/217

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derrière cette plaine gluante de varechs, d’un vert luisant et noir.

Jean releva son pantalon jusqu’au-dessus du mollet et ses manches jusqu’au coude, afin de se mouiller sans crainte, puis il dit : « En avant ! » et sauta avec résolution dans la première mare rencontrée.

Plus prudente, bien que décidée aussi à entrer dans l’eau tout à l’heure, la jeune femme tournait autour de l’étroit bassin, à pas craintifs, car elle glissait sur les plantes visqueuses.

— Voyez-vous quelque chose ? disait-elle.

— Oui, je vois votre visage qui se reflète dans l’eau.

— Si vous ne voyez que cela, vous n’aurez pas une fameuse pêche.

Il murmura d’une voix tendre :

— Oh ! de toutes les pêches c’est encore celle que je préférerais faire.

Elle riait :

— Essayez donc, vous allez voir comme il passera à travers votre filet.

— Pourtant… si vous vouliez ?