Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/218

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— Je veux vous voir prendre des salicoques… et rien de plus… pour le moment.

— Vous êtes méchante. Allons plus loin, il n’y a rien ici.

Et il lui offrit la main pour marcher sur les rochers gras. Elle s’appuyait un peu craintive, et lui, tout à coup, se sentait envahi par l’amour, soulevé de désirs, affamé d’elle, comme si le mal qui germait en lui avait attendu ce jour-là pour éclore.

Ils arrivèrent bientôt auprès d’une crevasse plus profonde, où flottaient sous l’eau frémissante et coulant vers la mer lointaine par une fissure invisible, des herbes longues, fines, bizarrement colorées, des chevelures roses et vertes, qui semblaient nager.

Mme Rosémilly s’écria :

— Tenez, tenez, j’en vois une, une grosse, une très grosse là-bas !

Il l’aperçut à son tour, et descendit dans le trou résolument, bien qu’il se mouillât jusqu’à la ceinture.

Mais la bête remuant ses longues moustaches