Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/251

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Et elle marcha vers la porte.

Il la saisit à pleins bras, criant :

— Qu’est-ce que tu fais, maman, où vas-tu ?

— Je ne sais pas… est-ce que je sais… je n’ai plus rien à faire… puisque je suis toute seule.

Elle se débattait pour s’échapper. La retenant, il ne trouvait qu’un mot à lui répéter :

— Maman… maman… maman…

Et elle disait dans ses efforts pour rompre cette étreinte :

— Mais non, mais non, je ne suis plus ta mère maintenant, je ne suis plus rien pour toi, pour personne, plus rien, plus rien ! Tu n’as plus ni père ni mère, mon pauvre enfant… adieu.

Il comprit brusquement que s’il la laissait partir il ne la reverrait jamais, et, l’enlevant, il la porta sur un fauteuil, l’assit de force, puis s’agenouillant et formant une chaîne de ses bras :

— Tu ne sortiras point d’ici, maman ; moi je t’aime, et je te garde. Je te garde toujours, tu es à moi.