Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/256

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— Maman, je te jure…

— Laisse-moi parler… Depuis un mois j’ai souffert tout ce qu’une créature peut souffrir. À partir du moment où j’ai compris que ton frère, que mon autre fils me soupçonnait, et qu’il devinait, minute par minute, la vérité, tous les instants de ma vie ont été un martyre qu’il est impossible de t’exprimer.

Elle avait une voix si douloureuse que la contagion de sa torture emplit de larmes les yeux de Jean.

Il voulut l’embrasser, mais elle le repoussa.

— Laisse-moi… écoute… j’ai encore tant de choses à te dire pour que tu comprennes… mais tu ne comprendras pas… c’est que… si je devais rester… il faudrait… Non, je ne peux pas !…

— Dis, maman, dis.

— Eh bien ! oui. Au moins je ne t’aurai pas trompé… Tu veux que je reste avec toi, n’est-ce pas ? Pour cela, pour que nous puissions nous voir encore, nous parler, nous rencontrer toute la journée dans la maison, car je