Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/68

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— Quel notaire ?

— D’chez m’sieu Canu, donc.

— Et qu’est-ce qu’il a dit, ce monsieur ?

— Qu’m’sieu Canu y viendrait en personne dans la soirée.

Me Lecanu était le notaire et un peu l’ami du père Roland, dont il faisait les affaires. Pour qu’il eût annoncé sa visite dans la soirée, il fallait qu’il s’agît d’une chose urgente et importante ; et les quatre Roland se regardèrent, troublés par cette nouvelle comme le sont les gens de fortune modeste à toute intervention d’un notaire, qui éveille une foule d’idées de contrats, d’héritages, de procès, de choses désirables ou redoutables. Le père, après quelques secondes de silence, murmura :

— Qu’est-ce que cela peut vouloir dire ?

Mme Rosémilly se mit à rire :

— Allez, c’est un héritage. J’en suis sûre. Je porte bonheur.

Mais ils n’espéraient la mort de personne qui pût leur laisser quelque chose.

Mme Roland, douée d’une excellente mé-