Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/69

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moire pour les parentés, se mit aussitôt à rechercher toutes les alliances du côté de son mari et du sien, à remonter les filiations, à suivre les branches des cousinages.

Elle demandait, sans avoir même ôté son chapeau :

— Dis donc, père (elle appelait son mari « père » dans la maison, et quelquefois « monsieur Roland » devant les étrangers), dis donc, père, te rappelles-tu qui a épousé Joseph Lebru, en secondes noces ?

— Oui, une petite Duménil, la fille d’un papetier.

— En a-t-il eu des enfants ?

— Je crois bien, quatre ou cinq, au moins.

— Non. Alors il n’y a rien par là.

Déjà elle s’animait à cette recherche, elle s’attachait à cette espérance d’un peu d’aisance leur tombant du ciel. Mais Pierre, qui aimait beaucoup sa mère, qui la savait un peu rêveuse, et qui craignait une désillusion, un petit chagrin, une petite tristesse, si la nouvelle, au lieu d’être bonne, était mauvaise, l’arrêta.