Page:Maupassant - Politiciennes, paru dans Gil Blas, 10 novembre 1881.djvu/5

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entourage, grâce à ses grandes qualités d’intrigue dissimulée, et d’obstination voilée. Son père mort, elle sut faire appeler son époux à Paris. Peu de temps après, il mourut aussi.

Elle resta seule avec un enfant. Elle n’était pas riche, peu séduisante, pas connue. La route serait longue et difficile pour arriver à gouverner par les moyens ordinaires. Elle se sentait forte, pourtant ! comment prouver sa force ? pénétrante, comment exercer sa pénétration ?

Elle se fit donner des places pour les séances de la Chambre, et, patiemment, elle étudia tous les hommes politiques en qui la France pouvait mettre son espoir. Enfin elle en choisit un. C’était un garçon déjà célèbre, plein d’un tempérament exubérant, d’une incontestable puissance, d’un avenir assuré. Elle lui écrivit une de ces lettres à triple fond comme les femmes savent en écrire. Elle ne cachait point son sexe, sûre de troubler l’homme, disait son admiration, puis, avec une prodigieuse habileté, elle intriguait cet esprit qu’elle avait su deviner, lui révélant ses propres pensées, indiquant ses ten-