Page:Maupassant - Politiciennes, paru dans Gil Blas, 10 novembre 1881.djvu/6

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dances, éclairant même avec une pénétration singulière certains côtés obscurs de lui.

Quel est l’homme un peu célèbre qui n’a point reçu ces lettres d’inconnues, et qui n’a pas été pris à leur mystère ? Est-il une femme un peu femme, souple et rusée, qui n’ait point obtenu ce qu’elle voulait par ce vieux moyen toujours bon ? Ne pourrait-on pas même citer dans Paris trois ou quatre hommes de talent que des correspondances mystérieuses ont conduits jusqu’au mariage ?

Il fut pris comme les autres, il répondit. Alors commença entre eux un marivaudage singulier de politique et de galanteries mêlées. Les mots d’amour étaient remplacés par des noms de peuples ; et, de place en place, elle jetait habilement sur ses conseils et sur ses raisonnements un léger voile de tendresse.

Lui, nature méridionale, assez facile à l’exaltation, peu habitué d’ailleurs jusque-là aux succès où sa personne physique jouait un rôle, fut ému, séduit peu à peu par cet échange continu de lettres avec une femme qu’il supposait naturellement jolie, qu’il voyait exceptionnellement intelligente, et qu’il avait conquise