Page:Maupassant - Propriétaires et Lilas, paru dans Le Gaulois, 29 avril 1881.djvu/8

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Quand vous regardez par la portière de votre wagon toutes ces petites bâtisses ridicules plantées le long de la voie, pareilles, laides et maigres, dites-vous bien que tous leurs possesseurs se ressemblent entre eux autant que leurs maisons entre elles. Ils sont de la même race, de la même famille, de la même pâte cérébrale. Et soyez sûrs que tous les jours, dans toutes ces demeures, on répète indéfiniment les mêmes choses, on a les mêmes occupations, on s’intéresse aux mêmes futilités. La culture de quatre plants de violettes, de trois pensées et d’un rosier, préoccupe également tous ces esprits. Et quand, par hasard, on fait élever un mur de clôture, afin d’avoir des poiriers en espalier, c’est un événement si considérable qu’il ouvrira une ère dans la famille ; et qu’on daterait ensuite volontiers les lettres « An II du mur mitoyen », comme font certains journaux qui s’acharnent à embrouiller leurs lecteurs avec les germinal et les floréal de l’an 89.