de six ans.
» À six ans, on me le prit ; on le mit en pension. Il ne fut plus à moi. Il venait deux fois l’an ; et, chaque fois, je m’étonnais des changements de sa personne, de le retrouver plus grand sans l’avoir vu grandir. On m’a volé son enfance et toutes ces joies de voir croître ces petits êtres sortis de nous.
» À chacune de ses visites, son corps, son regard, ses mouvements, sa voix, son rire n’étaient plus les mêmes, n’étaient plus les miens. Une année il eut de la barbe, je fus stupéfaite et triste. J’osais à peine l’embrasser. Était-ce mon fils, mon petit blondin frisé d’autrefois, mon cher, cher enfant que j’avais bercé sur mes genoux, ce grand garçon brun qui m’appelait gravement « ma mère » et qui ne semblait m’aimer que par devoir ?