marre qui se raidit ou le frôlement d’une barque le long d’une coque. Les bateaux, les pierres, la mer elle-même semblent dormir sous le firmament poudré d’or et sous l’œil du petit phare qui, debout sur la jetée, veille sur son petit port.
Là-bas, en face du chantier du constructeur Ardouin, j’aperçus une lueur, je sentis un mouvement, j’entendis des voix. On m’attendait. Le Bel-Ami était prêt à partir.
Je descendis dans le salon qu’éclairaient les deux bougies suspendues et balancées comme des boussoles, au pied des canapés qui servent de lits, la nuit venue ; j’endossai le veston de mer en peau de bête, je me coiffai d’une chaude casquette, puis je remontai sur le pont. Déjà les amarres de poste avaient été larguées, et les deux hommes, halant sur la chaîne, amenaient le yacht à pic sur son ancre. Puis ils hissèrent la grande voile, qui s’éleva lentement avec une plainte monotone des poulies et de la mâture. Elle montait large et pâle dans la nuit, cachant